Le citron

Voilà un petit fruit jaune si commun, qu’il occupe désormais une place de choix dans notre quotidien ! En cuisine, on apprécie son jus qui réveille l’organisme, on en assaisonne des légumes ou un poisson, on l’utilise en pâtisserie pour un dessert acidulé, et on en verse quelques gouttes pour éviter l’oxydation de fruits coupés. Un mal de gorge ? Vous ne serez pas le premier à additionner un jus de citron d’une cuillère de miel pour faire passer votre voix enrouée. Et à la maison, il nettoie tout : un vêtement souillé, une surface rouillée, le citron détartre et désodorise ! Mais savez-vous qu’il est aussi doté d’incontournables vertus santé ?

 

C’est l’histoire d’un citron…

Dans les forêts du nord de l’Inde, les premiers citronniers font leur apparition. Les différentes parties du fruit de cet arbre sont appréciées dès l’Antiquité et utilisées comme vermifuge, anti-poison et désinfectant des plaies.

A partir du XIème siècle, le citron est introduit en Europe par les Arabes, dans les Açores. C’est le début d’un engouement qui n’en finit pas de porter ses fruits au-delà des frontières : Italie méridionale, Provence, Espagne, Portugal.… L’Amérique du Nord devra attendre le XVème siècle pour voir s’implanter le citron en Floride, qui en est aujourd’hui encore l’un des principaux producteurs.

La fleur, le fruit

Le citronnier (Citrus Limon) est un arbuste à feuilles persistantes de la famille des Rutacées. Il peut atteindre 5 à 7 mètres de hauteur. La fleur du citronnier est très belle, charnue avec de longs pétales blancs violacés. Mais c’est au fruit, de forme oblongue, à pulpe acide et écorce épaisse que nous nous intéressons particulièrement ici.

Le citronnier ne s’embarrasse pas des saisons et peut fournir des fruits toute l’année. Le citron fait partie de la famille des baies, et sa structure est semblable à celle des autres agrumes : des pépins au centre, des loges carpellaires en triangle qui renferment le jus, séparées par une petite « peau » appelée endocarpe. L’ensemble des loges carpellaires est maintenu au sein de l’écorce par le mésocarpe, cette partie blanche encore appelée « ziste » en langage culinaire. Entre écorce et mésocarpe, le fruit renferme de grosses poches sécrétrices d’huile essentielle.

Vitamines C et flavonoïdes

C’est pour son jus au goût acide, très riche en vitamine C ou acide ascorbique (60mg pour 100g de jus), que le citron fait l’objet d’un premier essai scientifique mené par le médecin écossais James Lind en 1747. A bord du HMS Salisbury, un navire anglais de la Royal Navy, il administre différentes substances à des marins atteints du scorbut, maladie délétère due à une carence en vitamine C qui a quasiment disparue aujourd’hui. Seul le groupe ayant reçu du citron a guéri.

Actuellement, ce sont d’autres composants du citron, les flavonoïdes, concentrés dans l’écorce, qui attirent particulièrement l’attention des chercheurs. Les deux principaux flavonoïdes du citron, les flavanones ériocitrine et héspéridine, montrent, entre autres propriétés, des activités antiallergiques in vitro, sur des modèles expérimentaux d’allergie ou de rhinite allergique. Et que l’on étudie l’écorce, les pépins ou le suc du citron, et leurs substances chimiquement très différentes, il est frappant de constater à quel point leurs propriétés convergent ! C’est bien l’ensemble du fruit qui porte en lui une dynamique anti-oxydante, anti-inflammatoire et anti-allergique.

Depuis plus de 80 ans, le citron est utilisé en médecine anthroposophique dans le traitement de la rhinite allergique saisonnière, que l’on appelle « rhume des foins ». C’est la dynamique du citron dans sa globalité qui est à la base de ses propriétés thérapeutiques. Du point de vue de la botanique médicinale anthroposophique, le citron a tendance à s’isoler de son environnement extérieur. S’il a besoin de lumière et de chaleur à l’extérieur, pour concentrer ses huiles essentielles, il les rejette en périphérie de son écorce. Sa « mousse » blanche isolante, riche en pectine, concentre son jus acide, peu sucré et peu aromatique à l’intérieur. C’est ainsi protégé qu’il se conserve si bien, même une fois cueilli de son arbre.

S’il est si intéressant dans le traitement de l’allergie saisonnière intermittente, c’est que le citron présente une dynamique opposée à celle de l’inflammation allergique qui elle, « imite » l’explosion générale centrifuge de la nature au moment du printemps. Au corps ses sécrétions et éternuements, à la nature ses pollens transportés par le vent.

 

P79/05-16